Vigneron éleveur aussi de brebis
Pourquoi cent végétariens à l’année
Si le paysan façonne le paysage, l’agriculteur moderne a deux alternatives : le tracteur ou l’esclave. Passons pour ce dernier, mais le tracteur manque terriblement de précision. Certes il permet de gérer de grandes surfaces en un temps record, mais impossible de traiter le brin d’herbe à l’unité ou l’arbrisseau en ses moindres recoins.
La brebis prédate le végétal. Elle permet donc une gestion symbiotique du terrritoire, comme celle des terres agricoles.
C’est en observant nos bêtes que l’on apprend. Si la ronce ou la salcepareil ont des épines, c’est bien qu’elles sont très appétantes pour leurs prédateurs… Au contraire d’autres le sont peu, peut-être une question de goût.
A gauche : un jeune semi automnal de fèves en direct. C’est-à-dire sans préparation du sol.
A droite, en haut : la vigne avant pâture (gauche de la photo), puis après pâture (droite de la photo). L’on pourrait croire un passage de tondeuse.
En bas à droite : le couvert en début de printemps. L’on peut remarquer la différence de pousse entre le couvert semé et les adventives annuelles (prairie spontanée). Ceci est l’oeuvre hivernale de Sainte Brebis. Qui rechigne à brouter les fêves…
Petit détail : cette parcelle n’a pas vue le tracteur en dehors des semis, depuis presque dix années…
Conclusion
Cent brebis est la population idéale pour gérer 20 hectares de vignes ayant une couverture végétale, plus 40 hectares de prairies et 100 de garrigues.
La brebis, plus que tout autre animal, a été façonnée pour appuyer le cultivateur en son projet. En retour, je me permets d’affirmer qu’il y a plus de traces de nos ancêtres dans leur comportement que dans un livre d’histoire. Sauf pour ceux qui sont morts à la guerre, bien entendu, mais bon, passé ce cap on ne compte plus sur eux pour faire notre monde.
Bilan d’aujourd’hui, défi de demain
C’est bien la marginalisation des éleveurs en nos sociétés dites “modernes”, mais surtout urbaines, qui a fait décliner l’agropastorale.
Ce qui était une pratique commune il y a moins d’un siècle est devenue un idéal presque innaccessible.
Pourtant les questionnements très actuels autour de notre positionnement collectif au sein des écosystèmes sont souvent présentés comme une urgence. Cela fait quelques millénaires que nous en sommes les gestionnaires, en a découlé la biodiversité actuelle. Mais ;
Entre sanctuarisation et véganisme, l’urbain peut-il sortir de son surplomb ?
L’élevage et la proximité avec les grands troupeaux ayant directement façonnés notre psyché ainsi que notre imaginaire collectif, seront-ils définitivement mis au banc des accusés afin de laver la culpabilité de nos sociétés impérialistes ?
Peut-on se passer d’une coévolution pluri-millénaire avec les végétariens authentiques ? Même si, en réalité, ils sont bactérophages… ça ne leurs enlèvent rien.